11/08/2012

OAF N°2 : Pour un Champy populaire et solidaire

Le champi en langue française signifie « l'enfant que l'on a trouvé abandonné dans les champs ». Le nom donné à ce quartier populaire n'est pas anodin. L'histoire du Champy est intimement liée à la lutte contre l'exclusion et la pauvreté. Or, les projets d'urbanisme du Grand Paris qui émergent actuellement vont inévitablement pousser les habitants les plus précaires toujours plus loin de Paris en très grande banlieue.

Après guerre,  de nombreuses familles pauvres vivaient dans un bidonville situé à l'emplacement du Champy a proximité d'une décharge qui deviendra, plus tard,  le quartier de la Butte Verte.
L'hiver 1954 fut l'un des plus rigoureux et l'Abbé  Pierre lança un vaste programme pour améliorer l’habitat des plus démunis. Tentes canadiennes et « marabouts » commencèrent à arriver à Noisy-le-Grand. On appelait cette zone le « camp des sans logis ».
En 1956, le père Wresinski  (ATD 1/4 monde) et la communauté locale s'associent pour créer des espaces indispensables à la collectivité : école de préscolarisation, expression culturelle, association de jeunes, foyer pour les femmes etc...
Les habitants font face à  la mairie et la préfecture mais aussi aux riverains qui s'opposent à ce qu'ils s'installent durablement.
Les témoignages racontent l'exclusion vécue au travail et à l'école, des conditions de vie abominables à cause du froid notamment. Successivement le paysage urbain fut constitué de marabouts et de canadiennes puis d' igloos pour aboutir aujourd'hui au visage de la ZUS (Zone Urbaine Sensible)  du Champy que nous connaissons.
Aujourd’hui le quartier du Champy accueille une population de plus de dix mille habitants. Le quartier comprend quatre ensembles d’habitation : la cité de la  Promotion Familiale (le 116) construite sur l’initiative du père Joseph Wresinsky entre 1968 et 1970, les Hauts Bâtons construits entre 1972 et 1974 par la société HLM Emmaüs, le Champy et la Butte Verte construits entre 1976 et 1980. La cité de promotion familiale et les Hauts Bâtons ont été construits à l’emplacement du camp de 1954.
Actuellement, dans les quartiers des Hauts Bâtons, de la   Butte Verte et du Champy a lieu une rénovation architecturale, et à l’avenir il est prévu que le foyer des travailleurs migrants et la Cité de Promotion Familiale seront détruits et reconstruits. La rénovation des bâtiments nous semble indispensable et aller dans le bon sens. Or cette opération se traduira par une diminution conséquente du nombre de logements dédiés aux foyers les plus précarisés. La réhabilitation du quartier ne doit pas s'accompagner d'une chasse aux pauvres et d'une pression immobilière accrue. L'appétit des promoteurs et l'ambition des élus locaux risquent de menacer notre quartier. 
Ne laissons pas faire, battons nous et organisons nous pour faire perdurer l'esprit de Résistance et de solidarité à l'origine du quartier.