Le rétrécissement du droit au séjour est, parfaitement lisible dans les politiques migratoires mises en places par les différents gouvernements, dont le discours assumé du « chiffre » en matière de reconduites à la frontière a marginalisé la revendication de régularisation de tous les sans-papiers.
Ce durcissement va de pair avec une restructuration de l’appareil économique, qui induit les délocalisations et produit des vagues de licenciements dans l’industrie : De premiers sacrifiés, les immigrés deviennent rapidement les premiers précaires à pâtir de la réintroduction, dans des secteurs (Bâtiment, Restauration et services) qui restent rétifs à l’automatisation et/ou la délocalisation, de pratiques déstructurantes de gestion de la masse salariale. Une politique d'utilitarisme migratoire est alors parfaitement adaptée à une volonté délibérée du capitalisme à accroître fortement ses profits, et donc les inégalités.
Ceux qui prennent le temps d’analyser l’évolution du droit au séjour, constatent que la distribution mesurée de cartes de séjour « salarié » s’accompagne de difficultés croissantes pour obtenir ou renouveler une carte « vie privée et familiale », et que pour la délivrance de cette dernière il devient fréquent que les préfectures demander aux intéressés un contrat de travail. L'objectif de faire diminuer la part de l'immigration « familiale» au profit de l'immigration « de travail » pourra ainsi paraître rempli, sans que la réalité sociologique de l'immigration ait bougé.
La solidarité syndicale est plus que tout nécessaire afin de soulager ceux que la précarité touche le plus.