La
future loi de santé contre les HP
L’Etat
regroupe les hôpitaux psychiatriques et réforme leur gestion.
Quelles conséquences à Ville Evrard ? Bientôt le retour des
asiles où on enferme les fous à défaut de pouvoir les soigner.
Petite
mise au point :
Au
commencement, les hôpitaux psychiatriques étaient relégués à
l’extérieur des villes. L’urbanisation galopante a fini par les
englober, sans pour autant les intégrer à la société.
Les
structures psychiatriques ont toujours vécu en autarcie :elles
étaient les lieux où l’on jetait la lie de la lie de la
population, les malades mentaux, « les déments » !!
Avec
le temps,les choses se sont un peu estompées mais à peine ?
Les fantasmes collectifs sur la dangerosité du malade perdurent,
relayés par les journaux à sensation (le Figaro, le Parisien, etc.)
et des hommes politiques sensationnalistes (Sarkozy, etc.)
responsables du durcissement des lois à l’encontre des malades !
(loi du 5 juillet 2011).
Ville
Evrard épargnée…
Ville
Evrard, Etablissement Public de santé, a été épargné par la
tarification à l’activité faisant déjà partie de la loi
précédente, mais pas pour longtemps. Le regroupement par pôles a
quant à lui été freiné par la réaction des responsables de
structures. En effet, il était question de mutualiser les secteurs
adultes et pédopsychiatriques. Pour le coup les médecins-chefs ont
agi avec sagesse en préservant leurs chapelles. Les pôles se sont
institués par ville sans modifier le fonctionnement existant. Mais
qui dit pôle et mutualisation des ressources, dit enveloppe
budgétaire resserrée. Les conséquences sont simples : envoyer
du jour au lendemain un infirmier pour un remplacement dans une
structure qu’il ne connaît pas, non remplacement de départ à la
retraite, de congé maternité, d’arrêt maladie. Bref,
détérioration des conditions de travail. Et aussi baisse des
budgets de fonctionnement au détriment des patients.
…mais
l’Etat met la pression
Les
réorganisationset les demandes de l’ARS (Agence Régionale de
Santé) auprès des directions nous laissent penser que la
tarification à l’activité est en train de se mettre en
place,ainsi que l’instauration des pôles territoriaux.
C’est
déjà le cas à l’hôpital de Lagny sur Marne (730 lits),qui est
devenu le Centre Hospitalier de Marne la Vallée.Sachant
que la psychiatrie est le parent pauvre de l’hospitalier, on peut
.redouter
le retour de conditions asilaires
…
et
la loi va tout casser.
Et
d’ailleurs, la future loi de santé publique,adoptée par le
conseil des ministres le 15 octobre 2014 et qui sera présentée en
début d’année 2015 au parlement, instituera cette détérioration
des conditions de traitement en segmentant les prises en charge. Les
pôles territoriaux à venir mettront en péril le principe de
continuité des soins : la psychiatrie publique ne s’occupera
que de la phase aigüe, le médecin généraliste et le psychiatre
libéral traiteront la phase de stabilité et le médico-social
s’occupera des besoins d’hébergement et de l’offre d’activité.
Le patient devra courir d’un lieu à l’autre, d’un médecin à
l’autre et avancer les frais qui lui seront remboursés s’il a
une bonne mutuelle, sauf bien sûr en cas de dépassements
d’honoraires.
Avec
pour autre conséquence la fermeture des structures
extra-hospitalières (consultations et accueil à temps partiel de
proximité) considérées non rentables ou leur transformation en
mégastructures instaurant le travail à la chaîne. Une usine à
soins à la place d’un hôpital.
En
psychiatrie,les choses sont un peu plus compliquées qu’ailleurs.
On ne soigne pas une dépression ou une schizophrénie par un
emplâtre ou un coup de bistouri ; on ne sait pas à l’avance
quand une personne sera stabilisée, il faut du temps pour que le
patient puisse être en relation de confiance. Confiance nécessaire
et indispensable à un espoir de guérison.
Tout
ça pour privatiser
Le
but premier de ces réformes est la privatisation du soin. D’un
côté, des cliniques privées pour les malades « faciles »
et assez riches. De l’autre, l’hôpital public appauvri qui ne
pourra bientôt plus proposer autre chose que les pilules sédatives
et l’enfermement pour les plus pauvres.