« La guerre des classes existe, et c’est la mienne qui est en train de l’emporter. »
Cette phrase de Warren Buffet, première fortune mondiale avec ses 62 milliards de dollars, marque l’introduction du livre de François Ruffin.
« La guerre des classes » décrit avec justesse la poussée permanente de la part des profits au dépend de la part des salaires en baisse, constante. Entre 1983 et 2006, elle chute de 8,6% en Europe et de 9,3% en France ce qui équivaut à des centaines de milliards d’euros. Ces données ne viennent pas d’un petit groupuscule libertaire, trotskiste ou communiste mais de la FED, banque centrale américaine, et du FMI, structures financières qu’on ne pourrait qualifier de marxistes.
Il y a entre 120 à 170 milliards d’euros qui sont passés du travail au capital soit, 10 fois le déficit de la sécurité sociale, ou 20 fois celui des retraites et 20 fois encore celui des régimes spéciaux.
Ces données ne sont pas reprises par les grandes chaînes d’information et à peine par les politiciens dits « de gauche ». Au contraire, c’est la part « excessive » des « dépenses sociales » (retraites, indemnités chômage, sécurité sociale, etc.) qui est clamée par les détenteurs du pouvoir, pointant du doigt les
plus fragiles, les exclus, les étrangers, les chômeurs, comme responsables d’une hypothétique crise.
Comble du cynisme, cette guerre des classes étant rendue invisible laisse place à une guerre des pauvres contre les pauvres. Ce qui est nommé « dialogue social » devient soumission dans la bouche de nos politiques. La mondialisation devenant fer de lance du capitalisme avec son cortège de malheurs. Petites vies broyées par des intérêts financiers exorbitants. Comme les employé-es de LVMH licencié-es en masse par Bernard Arnault, prédateur capitaliste mais chouchouté par les médias et les politicien-nes.
La gauche gouvernementale a fait le plus sale boulot, en s’acoquinant avec le pouvoir économique au dépend de la population, trahissant son propre électorat. Elle a nourri par désespoir et manipulation les idéologies les plus viles du repli sur soi.
Un livre réquisitoire abrupt du pouvoir légué à l’économie avec l’approbation de pratiquement tous les partis politiques accompagnée d’une quasi apathie collective. Tout le monde y passe et malheureusement personne n’en sortira indemne.
Si le chômeur est malheureux, ce n'est pas parce qu'il n'a pas de travail, mais parce qu'il n'a pas d'argent. Ne disons donc plus demandeur d'emploi mais "demandeur d'argent" ; plus "recherche active d'emploi", mais : "recherche active d'argent". Chômeurs heureux de Berlin : Rapport d'inactivité n°1, 1996
02/03/2016
OAF n°9 : De quand date cette déclaration ?
Wall Street possède ce pays. Il ne s'agit plus d'un gouvernement du
peuple, par le peuple et pour le peuple, mais d'un gouvernement de
Wall Street, par Wall Street et pour Wall Street. […]
Nos lois sont le fruit de ce système qui fait porter la toge aux corrompus et des
guenilles aux miséreux. […]
Les politiciens prétendent que nous souffrons de la surproduction. La surproduction ?
Quand dix mille enfants […] meurent de faim chaque année aux Etats-Unis et
que plus de cent mille jeunes filles à New-York sont contraintes de
vendre leur vertu pour du pain. […]
Il y a trente personnes aux Etats-Unis dont les richesses cumulées excèdent
1,5 milliard de dollars et un demi-million d'hommes qui cherchent du travail. […]
Nous voulons de l'argent, des terres et des transports. Nous exigeons
l'abolition des banques d’État et nous voulons pouvoir emprunter
directement au gouvernement. Nous exigeons que disparaisse le système
maudit de la saisie. […]
Nous resterons dans nos maisons et près de nos foyers, par la force si nécessaire,
et nous ne payerons pas nos dettes aux chacals des compagnies de crédit tant que le
gouvernement n'aura pas payé sa dette envers nous. Le peuple est à
bout et les détrousseurs d'argent qui nous poursuivent feraient bien
de se méfier.
OAF n°9 : Edito
Le livre « Une histoire populaire des Etats-Unis » présente l'histoire sous un angle
différent de celui qu'on nous apprend à l'école.
Il raconte l'histoire avec les mots de ceux qu'on a toujours ignorés.
Nous ne voulions pas entendre la voix de la Maison-Blanche mais la voix de
ceux qui manifestaient à l'extérieur.
Nous ne voulions pas entendre les voix du Congrès mais celles des gens qui
étaient devant le Capitole pour exiger l'arrêt de la guerre et que
le Congrès donne plutôt son soutien financier à ceux qui en
avaient besoin.
Voici les voix que nous voulions faire entendre parce que la démocratie ne
vient pas d'en haut, elle vient d'en bas :
- les soldats mutins,
- les femmes en colère,
- les Amérindiens rebelles,
- les travailleurs,
- les agitateurs,
- les militants anti-guerre,
- les marxistes,
- les anarchistes,
- les dissidents en tout genre,
tous ces trublions, les gens qui nous ont apporté la liberté et la démocratie.
Le pouvoir veut nous faire croire que nous avons tous les mêmes intérêts. C'est faux.
Il y a l'intérêt du président des Etats-Unis et celui du jeune qu'il envoie à la guerre.
Il y a l'intérêt d'Exxon et celui du travailleur ordinaire.
On parle de sécurité nationale comme si le mot « sécurité »
avait le même sens pour tous. Pour certains, la sécurité nationale
c'est d'avoir des bases militaires dans une centaine de pays. Pour la
plupart des gens, la sécurité c'est avoir un toit, avoir un
travail, avoir accès aux soins...
Howard Zinn, 2008
OAF n°9 : Projection + Débat "Une histoire populaire américaine"
La Confédération Nationale du Travail (CNT), en partenariat avec le
cinéma Etoile Cosmos, organise prochainement une projection du film Une
histoire populaire américaine de Olivier Azam & Daniel
Mermet suivie d'un débat.
Ce documentaire, financé par souscription, est le premier long métrage
d'une trilogie qui va parcourir l'histoire populaire des États-Unis
de Christophe Colomb à nos jours, à travers l'histoire personnelle
extraordinaire de Howard Zinn. Au début du 20ème siècle, les
parents de Howard Zinn débarquent d'Europe de l'Est à Ellis Island,
comme des millions de migrants qui rêvent de la terre promise, qui
rêvent de fortune, qui rêvent simplement d'une vie meilleure... Ils
découvrent l'Amérique.
Avec l’énorme succès de son livre Une histoire populaire des
Etats-Unis (éditions Agone), Howard Zinn a changé le regard des Américains sur
eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’histoire
officielle, les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les
ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en
lutte pour briser leurs chaînes.
Une autre Amérique dévoilée par Howard Zinn défile sous nos yeux. Des
histoires peu connues, comme celles du 1er Mai, surgissent du montage
d’Olivier Azam et Daniel Mermet. Des personnages de légende comme
Emma Goldman, Mother Jones et Joe Hill, leur musique, leurs photos et
même leurs films nous racontent une autre histoire de l’Amérique.
Celle des pauvres immigrés quittant l’Europe pour la terre promise
de la liberté. Comme l’auteur de l’Histoire populaire des
Etats-Unis, les réalisateurs du film retrouvent la grande
dépossession des Indiens d’Amérique, le pillage colonial, la
spéculation sur les terres, les fortunes colossales issues de cette
rapine.
Film documentaire de 2015 - 1h41 - Avec la participation de Howard Zinn,
Noam Chomsky, Chris Hedges, …
OAF n°9 : Pour aller plus loin
Livre
Une histoire populaire des Etats-Unis, 2002 (A People's History of the United States, 1980), Howard Zinn
Documentaires
Le Pouvoir des Cauchemars : L’Essor des Politiques de la Peur
Cette série de 3 documentaires réalisée en 2004 par Adam Curtis dévoile
le parallèle entre la montée de l’islamisme dans le monde
arabo-musulman et du néoconservatisme aux Etats-Unis.
Mettant en scène les fondateurs idéologiques, Leo Strauss et Sayyed Qotb,
des deux acteurs importants de la guerre contre le terrorisme, les
néoconservateurs américains et les “islamistes radicaux”, le
premier volet à l’époque de la Guerre Froide retrace les raisons
morales de la lente transformation de la société et du paysage
politique des nations américaine et égyptienne.
Une autre histoire de l'Amérique, par Oliver Stone
Dans cette série de 10 documentaires réalisée en 2012, Oliver Stone
nous dévoile l’histoire contemporaine des Etats-Unis comme elle ne
nous a encore jamais été racontée. Il remet en question l’idéal
américain tel qu’il est présenté officiellement dans les livres
scolaires depuis la fin de la seconde guerre mondiale : interviews,
images d’archives, photographies, films, enregistrements audio,
cartes, graphiques et la voix narrative d’Oliver Stone (Philippe
Torreton en Français) font de cette production originale un récit
impartial de l’histoire que les petits Américains n’apprennent
pas à l’école…
My american (way of) life
Fiction documentaire réalisée en 2015 par Sylvain Desmille.
Ecrit à la première personne et réalisé à partir d’archives privées ou
inédites, « My american (way of) life » revisite 40 ans de mode de
vie et de modèle américain, de 1945 à 1989. Evènements
historiques et histoires personnelles s’entremêlent dans cette
fiction documentaire pour brasser le portrait d’une génération à
travers celui d’un individu.
Livre-DVD
Des voix rebelles, récits populaires des Etats-Unis, 2015
Le film : The people speak, 2009
Autour du livre de Howard Zinn Une histoire populaire des Etats-Unis, les plus grands acteurs hollywoodiens et les grandes stars de la chanson prêtent leurs voix aux rebelles de l’histoire américaine qui luttèrent pour les changements sociaux.
Avec (entre autres ) : Matt Damon, Viggo Mortensen, Morgan Freeman, Bob
Dylan, Bruce Springsteen, Sean Penn, Kerry Washington, Danny Glover,
Josh Brolin, Marina Tomei, Pink...
Le livre
Les textes qui composent ce recueil sont pour l’essentiel extraits des
livres de Howard Zinn mais aussi des mots de Emma Goldman, Frederick
Douglass, Mohammed Ali ou encore Chelsea Manning...
OAF n°9 : A propos de "la guerre juste"
A l'été 1941, j'ai demandé à être envoyé à Pearl Harbor. […]
Tout au long des 4 ans qui ont suivi, je fus consterné par un tel gâchis de
vies humaines. J'ai perdu de nombreux camarades et j'ai eu la lourde
charge de raconter aux parents de mon partenaire de chambrée les
derniers jours que nous avions passés ensemble. Les uns perdaient
leurs jambes, les autres la vue, une parcelle de vie. Et tout cela
pourquoi ? Les vieux envoient les jeunes à la guerre avec
drapeaux, bannières, baratin patriotique et tout le tintouin.
Je suis resté dans la marine. […] J'allais en uniforme dans les lycées
pour dire aux gamins que la guerre était quelque chose de
parfaitement stupide et qu'il ne fallait pas croire toutes ces
balivernes qu'on trouve dans les poésies, les romans et les films
sur la courtoise, l'héroïsme et la beauté de la guerre. Au
contraire, je leur disais que c'était quelque chose de moche et de
triste.
A la fin de la seconde guerre mondiale, nous étions devenus la nation la plus
puissante du monde. Nous adorions jouer les gros bras. Nous dirigions
le monde. […] Nous sommes vraiment uniques au monde. Un pays de
trente millions d'anciens combattants. Le seul pays toujours en
guerre depuis 1940. Comptons les guerres (Corée, Vietnam) et
comptons les années. […] Nous sommes toujours allés mener nos
guerres à l'extérieur. C'est pourquoi nous en ignorons presque le
caractère atroce. […]
On peut affirmer qu'il fallait faire la seconde guerre mondiale et que Hitler
devait être vaincu. Mais, malheureusement, on reprend exactement les
mêmes arguments pour justifier la situation actuelle. […]
La seconde guerre mondiale pèse lourdement sur la manière dont nous
voyons les choses aujourd'hui. Nous les observons à travers le
filtre de cette guerre qui, en un certain sens, fut une guerre juste.
Mais le souvenir perverti de cette guerre incite les hommes de ma
génération à vouloir – voire à désirer ardemment – recourir
à la force armée dans toutes les situations. […] Je les hais
lorsqu'ils disent : « Il a donné sa vie pour son pays. ».
Personne ne donne jamais sa vie pour quoi que ce soit. Nous avons
volé les vies de ces gamins. Nous les leur avons arrachées. Ils ne
sont pas morts pour l'honneur et la gloire de leur pays. C'est nous
qui les avons tués.
Amiral Gene Larocque, 1984
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