25/04/2016

Négociations Unedic : la loi travail ne suffit pas au patronat, 
il s’attaque aux précaires et chômeur.euses..


Alors que la loi travail vise notamment à faciliter les licen-ciements, le patronat et l'État (et leurs fidèles accompagnateurs des CFDT, CFTC et CGC) s'en prennent parallèlement à l'assurance chômage, à l'occasion des négociations de la convention Unedic.

L'article 52 de la loi « travail » prévoit déjà de renforcer les moyens de flicage des chômeur.euses, en autorisant par exemple Pôle emploi à ponctionner directement les supposés trop-perçus, même quand l'erreur est du côté de l’adminis-tration (laissant à la personne indemnisée le soin de saisir le juge en cas de contestation).

Deux fronts sont ouverts par le patronat  :
  • la réduction du soi-disant « déficit » de l'assurance chômage par la suppression du principe « un jour cotisé, un jour indemnisé » pour moduler ce ratio en fonction du taux de chômage, la dégressivité des allocations, l'allongement de la carence pour les cadres, le relèvement des bornes d’âge de la filière senior, etc. ;
  • un acharnement à détruire les annexes 8 et 10 des intermittent.es du spectacle.

De quelques fausses vérités…
L'argument du « déficit » de l'Unedic est martelé depuis des années pour faire passer toutes les régressions sociales et le « contrôle » accru des sans-emploi.
Or, il faut remettre les chiffres à leur place. Tout d'abord, ce déficit ne représente que 1,5 % de la dette publique française, et ce en plein contexte de chômage galopant. Par ailleurs, les chiffres avancés par le Medef ne reposent en fait que sur des valeurs relatives et des calculs prévisionnels : si l'on ne prenait que le rapport cotisations perçues/indemnités versées, le résultat serait légèrement bénéficiaire, d'un peu plus de 2 milliards d'euros.

En revanche, il est des réalités bien tangibles 
qui provoquent un réel « manque à gagner » :
  • la décision par l’État en 2008 d'assigner 10 % des fonds de l’Unedic au « budget de fonctionnement » de Pôle emploi (locaux, salaires, etc.)
  • le financement et la multiplication des contrats précaires courts. Par exemple, quand une entreprise utilise plusieurs contrats courts sur un même poste, c'est l'Unedic qui paye les entre-deux
  • l’augmentation des exonérations de cotisations, de 1,8 milliard d’euros en 1991 à près de 30 milliards aujourd’hui
  • la fraude sociale des employeurs évaluée à 20 milliards
  • la multiplication des ruptures conventionnelles des « seniors », sous la forme d'une « préretraite » payée par l'Unedic...
  • la non-réintégration des salarié.es dont le licenciement a été jugé nul ou sans cause réelle et sérieuse
  • les inégalités de salaire hommes/femmes (une égalité salariale permettrait un équilibre automatique de l'Unedic par l'augmentation mécanique des cotisations).

De « l’assistanat » et des « chômeur.euses privilégié.es »
Aujourd'hui, il y a en France environ six millions de demandeur.euses d'emploi, dont à peine la moitié sont indemnisé.es : celles et ceux qui n'ont jamais ou pas assez travaillé pour ouvrir des droits, ou qui sont en formation, ne perçoivent pas d'allocations chômage. De plus, 70 % des allocataires touchent une allocation pendant moins d'un an.
Le montant d'allocation moyen pour les 2,7 millions d’indem-nisé.es est de 1 119 euros brut/mois, et la moitié des indemnisé.es touchent moins de 1000 euros brut/mois !
Lorsque l'indemnisation s'arrête, ne reste plus que l’ASS (allocation de solidarité spécifique), 487 euros/mois maximum (350 000 personnes), et accessible sous certaines conditions, ou le RSA (524 euros) financé par les départements avec une compensation incomplète de l'État et versé par la CAF (2,5 millions de personnes). À toute fin utile, rappelons que, selon l'Insee, le seuil de pauvreté en France est de 1 000 euros/personne…

Les gouvernements de tous bords, relayés par les médias dominants, n'ont de cesse de stigmatiser scandaleusement les privé.es d'emploi comme fainéant.es, et de les culpabiliser comme « assisté.es », comme si être au chômage était une situation confortable, comme si c'était un choix. La stratégie est de dresser les travailleur.euses, qu'ils aient ou non un emploi, les un.es contre les autres, les isoler, les effrayer, afin de briser toute organisation collective et toute solidarité.

Le chiffon rouge des « intermittent.es »
Le Medef, et certains syndicats dits « réformistes » déjà cités, n'ont de cesse de pointer du doigt et de remettre en cause les annexes 8 et 10 dont dépendent les travailleur-euses du spectacle, en les présentant comme démesurément déficitaires... Mais, en fait, le déficit des annexes 8 et 10 n’existe tout simplement pas. Il s'agit d'une manipulation des chiffres et de données qui ne sont en fait pas comparables, et cela a été démontré clairement, depuis des années, par des chercheur.euses et des économistes. C'est un pur et simple mensonge.
Ensuite, les intermittent.es représentent seulement 3,5 % des allocataires pour 3,4 % des dépenses. Enfin, ce sont les employeurs qui utilisent abusivement un grand nombre de CDD d'usage relevant de l'intermittence pour des postes qui pourraient relever du CDI. Et l'État, les collectivités locales et les entreprises publiques (télévision et radio, par exemple) ne sont pas en reste de ce point de vue. Enfin, les conditions d'accès au régime intermittent s'étant durcies depuis dix ans, de moins en moins de personnes arrivent à y accéder et donc n'ont aucune indemnité.

Le Medef souhaite vider les annexes 8 et 10 de leur substance pour les faire correspondre au régime général, non pas pour renflouer les caisses de l'Unedic, mais pour priver d'indemnisation des milliers de travailleur.euses du spectacle et ainsi faire baisser les chiffres du chômage et exclure des milliers de personnes du principe de solidarité interprofessionnelle. Depuis plus de dix ans, ces annexes sont devenues un enjeu symbolique, et les intermittent.es un foyer de résistance insupportable pour les puissants.

Il s'agit tout simplement d'un choix idéologique : à terme, le rêve du patronat serait de détruire complètement le système de solidarité que nous connaissons tous actuellement et qui repose sur le principe du salaire socialisé, pour tendre vers un système de caisses privées, où chacun.e cotise pour son propre compte, si tant est qu’il/elle en a les moyens. C'est à dire un système fait par les riches, pour les riches.

Socialisation du salaire
À l'origine, le financement de la Sécurité sociale, tout comme celui de l’Unedic, repose sur les cotisations sociales salariales et celles dites patronales : ce qu'on appelle le salaire socialisé.
Sur une fiche de paie, une partie du salaire est payée individuellement au/à la salarié.e, c’est le salaire net (ou salaire direct). L’autre partie, formée de cotisations sociales, est versée dans les différentes caisses (Sécurité sociale, etc.) : le salaire socialisé.

Mais, au fil des décennies, le développement de l'idéologie libérale a eu pour conséquence un glissement sémantique : le salaire socialisé est devenu « cotisation sociale », puis « charges ». Une même réalité en vérité, mais dans les mots, une façon de tromper le/la salarié.e en lui faisant croire que ce qui lui appartient de droit est devenu une « charge » pour lui comme pour l'employeur.

La cotisation sociale fait donc partie intégrante du salaire. Réduire la cotisation sociale, au prétexte de soulager les « charges » de l’entreprise, c’est réduire le salaire ! Elle n’est pas un prélèvement, ni un impôt, ni une taxe, ni une épar-gne, ni une assurance, mais bien une partie du salaire !
Le salaire socialisé permet la reconnaissance sociale de toutes les situations des travailleur.euses et ainsi de prendre en compte tous les aléas de la vie de ces personnes, qu’elles soient actives, précaires, chômeuses ou retraitées.

Le principe en est simple : les richesses sont produites par les travailleur.euses, et la cotisation permet de socia-liser cette richesse pour que toutes et tous touchent un salaire (et pas une aumône) quelle que soit leur situation sur le marché du travail. Car ce sont bien les patrons qui sont responsables de ce « marché du travail », entre précarité, licenciements, etc.

La CNT revendique dès à présent :
  • un accès aux indemnités de chômage sans condition, sans dégressivité et sans durée limite, avec un taux de remplacement à 100 % du meilleur salaire 
  • une augmentation significative des salaires ;
  • le rétablissement du droit à l’allocation chômage en cas de démission ;
  • la suppression de la rupture conventionnelle et l'obligation de réintégration en cas de licenciement jugé nul ou sans cause réelle et sociale ;
  • un arrêt des exonérations de cotisations sociales patronales et leur augmentation ;
  • un arrêt des radiations et du flicage des travailleur.euses privé.es d’emploi ;
  • le retour aux annexes 8 et 10 d'avant 2003 et leur extension à tous les salarié.es ;
  • la gestion des caisses par les salarié.es eux-mêmes, selon le modèle existant avant les ordonnances de 1967 (qui ont introduit le paritarisme syndicats/patronat).

Construire un autre futur...
Ces revendications ne sont pas une fin en soi. Car derrière la question de l'assurance chômage, c'est la propriété privée des moyens de production, donc le salariat et le pouvoir du capital, de la marchandise et de l’État sur la vie même qu'il faut remettre en cause.
La CNT prône un anarchosyndicalisme et un syndicalisme révolutionnaire de transformation sociale. Une société en rupture avec le capitalisme !
Pour la CNT, le rapport de force doit se faire par la mobilisation de tous et de toutes, en s’organisant dès aujourd'hui dans les syndicats, outil social et économique appartenant aux travailleur.euses et non aux bureaucrates. Le communisme libertaire, projet révolutionnaire porté par la CNT, fondé sur la socialisation et l’autogestion des moyens de production, et la répartition des richesses produites par ceux et celles qui travaillent, est une urgence sociale, politique, économique et écologique. N'attendons pas pour cons-truire cet autre futur sans domination ni exploitation !

Ni loi travail, ni assurance chômage au rabais,
Contre le chômage et la précarité, 
imposons une véritable sécurité sociale !

CONSTRUISONS LA GRÈVE GÉNÉRALE !

Tract de la Fédération communication-culture-spectacle de la CNT
33, rue des Vignoles, 75020 Paris,
presse.rp[@]cnt-f.org - www.cnt-f.org/sipm/
Tel. : 0695456762


22/04/2016

Communiqué de l’union des syndicats CNT de Lille suite à l’intrusion de la police dans son local de la rue d’Arras (20 avril 2016)

Dans le cadre de la lutte contre la loi Travail, une manifestation a eu lieu ce mercredi 20 avril 2016 à Lille. Suite à celle-ci, quelques militant-e-s se sont retrouvé-e-s à la Maison des syndicats CNT, 32 rue d’Arras à Lille, pour ranger le matériel et faire le point. Ils/elles ont ensuite été rejoint-e-s par d’autres camarades
C’est alors que des forces de l’ordre sont arrivées au local. Ils ont exigé de rentrer mais sans fournir aucun document légal. En l’absence de ces documents expliquant leur démarche et justifiant de leur droit, les militants présent-e-s leur ont refusé pacifiquement l’accès.

Les forces de l’ordre ont alors menacé de casser la vitrine. Elles ont fini par défoncer la porte au bélier, pénétrer dans le local, saccager une partie du matériel et procéder à une fouille en profondeur des lieux. Les militant-e-s présent-e-s ont gardé leur calme. Deux personnes ont été interpellées et sont actuellement retenues au commissariat central de Lille.

L’union des syndicats CNT de Lille dénonce et condamne avec force les violences policières, l’inacceptable intrusion des forces de l’ordre et la fouille de ses locaux.

le-local-cnt-de-lille-apres-intrusion-policiere-du-20-04-2016-reduc
Saccager un local syndical, c’est comme monter à l’assaut d’une Bourse du Travail. Un local syndical est un outil de défense pour les travailleurs/euses, un lieu d’accueil dans lequel les militant-e-s et les personnes qui nous sollicitent doivent pouvoir se retrouver en toute sérénité.

L’union des syndicats CNT de Lille réaffirme sa détermination dans la lutte contre la loi Travail. Ici comme ailleurs, ne nous laissons pas intimider par les violences policières !

Lille, 20 avril 2016
Union locale des syndicats CNT de Lille
32 rue d’Arras
59000 LILLE
Courriel : ul-lille [at] cnt-f.org

 police cnt lille - Syndicats CNT Nord Pas-de-Calais Picardie

12/04/2016

Communiqué à propos d’un policier portant un autocollant CNT lors de la manif du 9 avril contre la loi Travail

Policier de la Bac portant un autocollant de la CNT.

Pour rappel la CNT ne syndique ni les patrons, ni les forces répressives de l'Etat.

La CNT interpelle la Préfecture : Communiqué à propos d’un policier portant un autocollant CNT lors de la manif du 9 avril

09/04/2016

Manifestation 1er mai à Marne la vallée

Les mobilisations contre la loi travail invitent à un 1er mai très combatif au plan national. Localement retrouvons nous,travailleurs, chômeurs, précaires, intermittents, apprentis, retraités, sans-papiers, pour manifester et débattre sans séparer le social du politique.
En effet, comment ne pas voir que la domination du capital touche toutes les catégories de la population :

- Avec ce projet de loi, pacte entre le MEDEF et l’Etat, le monde du travail, dans toutes ses composantes, est condamné à revenir un siècle en arrière, au temps béni pour le patronat qui n’avait aucune entrave ! Depuis des années, les privatisations et les licenciements se succèdent dans tous les secteurs pour le plus grand bénéfice des actionnaires. Qui croira qu’en facilitant les licenciements, on fera baisser le chômage ?

- Avec les grands projets inutiles (Notre Dame des Landes, Europa City à Gonesse, Las Vegas européen à Nîmes prévu pour 2030, un nouveau Center Parcs Pierre et Vacances en Isère , etc ….)

- Avec la dépossession de l’information détenue maintenant à 95% par les patrons des grands groupes industriels et financiers (Bolloré, Arnault, Lagardère...) qui imposent leur censure

- Avec toujours plus de répression contre lessyndicalistes, les militants (de Goodyear en passant par Air France, La Poste ou plus proche de nous le Collectif Romeurope du Val Maubuée) et les habitants des quartiers populaires

- Avec le recul continu des services publics qu’ils soient de la santé, de la poste, de l’éducation, de l’emploi, du social ou … de l’information

- Avec la consécration d’une Europe-Forteresse qui ne laisse plus la moindre chance aux migrants

- Avec l’industrialisation de l’agriculture avec la ferme des 1 000 vaches, l’utilisation des pesticides etc…


Le scandale de « Panama Papers » n’est qu’une preuve supplémentaire de la domination du capital sur toute forme de vie, de l’Humain à la Terre.

Après avoir livré l’économie aux spéculateurs financiers et appliqué des cures d’austérité à toute l’Europe, construit la peur en fabriquant des boucs émissaires (l’étranger, le chômeur..), allumer le brasier du terrorisme et alimenter les replis identitaires, le capitalisme veut annihiler tous les espoirs d’émancipation.

Posons-nous la question d’un autre type de rapports de production qui induit un autre partage des richesses et du travail en allant vers les 32h. La richesse est-elle produite par les travailleurs ou les actionnaires ? Regardons les tentatives de l’appropriation des moyens de production et de la prise en main par les travailleurs de la gestion de l’entreprise (Fralib, Pilpa). Dans le même temps, tournons-nous vers de nouvelles voies de démocratie et vers tout ce qui produit du commun et de la solidarité (AMAP, Système d’Echange Local, Centre social autogéré …)

Alors, amplifions les débats et les actions, redonnons des couleurs au 1er mai, tout dépend de chacun-e de nous.
Faisons fleurir un autre monde !

RDV :
- des - 10h30 pour la manifestation
- et à 12h sur la dalle du Chmapy pour Midi debout


 Manifestation du 1er mai en banlieue à Noisy/Champs